6 août 2023
Photo scoopdyga.com
Dimanche 6 août 2023, Hippodrome de Deauville (Calvados). – Trois chevaux entraînés en France, dont deux par Nicolas Caullery, s’opposaient à sept visiteurs britanniques sur les 1 300 mètres de cette édition de l’ARC Prix Maurice de Gheest (Gr1). Or c’est l’un de ces irréductibles pur-sang français qui, en puisant tout au fond de ses ressources, a pu garder un tout petit avantage sur le favori anglais Spycatcher (Vadamos) : le 6ans King Gold (Anodin), élève de Mme Christian Wingtans préparé par Nicolas Caullery et monté ici en embuscade derrière… Spycatcher ! Le gris a pris l’avantage sur le récent gagnant du Prix de Ris-Orangis (Gr3) à cent mètres du but mais son adversaire a continué de pousser jusqu’au bout, et c’est à la faveur du balancier que le français a battu le britannique. Juste derrière eux, à une encolure, Saint Lawrence (Al Kazeem), qui a mis du temps à trouver le passage, finit bien troisième.
On notera au passage que Vadamos, le près du favori battu, est désormais croisé principalement à des juments dont les produits sont destinés à l’obstacle, tandis que Al Kazeem, père du troisième, a gagné le Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1) sur 2 400 mètres. Anodin, le père du lauréat, était bien un miler, mais il est aussi en partie promu pour ses sauteurs au haras.
King Gold a, il est vrai, un profil particulier. Il est le deuxième des quatre produits à ce jour de l’inédite Miss Gandelia (Kingsalsa), une sœur de la bonne Queen America (American Post), placée de Groupe à 2 ans et mère aussi de la bonne Queensalsa (Kingsalsa), également placée de Groupe à 2 ans.
Miss Gandelia a aussi donné la 4ans Missalia (Prince Gibraltar), gagnante d’une course, et une 2ans par Spanish Moon.
King Gold, lui, a couru trente-et-une fois et gagné huit courses, dont quatre de ses cinq dernières sorties. Il a débuté à 2 ans et n’a couru qu’une fois, mais il a gagné dès sa première sortie la saison suivante. Il a ensuite surfé entre les courses à conditions, les handicaps et les courses de sélection, réussissant à prendre la 2ème place du Grosser Preis von Lotto Hamburg (Gr3), sur 1 200 mètres, en juillet dernier. Il est aussi allé passer l’hiver à Dubaï cette année, sans s’imposer, avant de gagner deux fois de suite, puis de terminer troisième à suivre dans le Prix du Palais-Royal (Gr3). Il venait de prendre sa revanche dans le Prix de la Porte Maillot (Gr3) et il fait mieux que confirmer ici en permettant à son entraîneur, Nicolas Caullery, de seller son premier gagnant de Groupe 1.
Les réactions...
Nicolas Caullery (entraîneur de King Gold, 1er) – Centre d’entraînement de Chantilly (60)
« C'est un grand moment ! Il y a photo à l'arrivée... Au passage du poteau, je pense avoir gagné puis, sur l'image à la télé, j'ai un doute. Mais quand le 8 s'est affiché... Cela aurait été dur de devoir redescendre de notre petit nuage, il n'y a pas grand-chose au poteau et l'histoire se souvient des gagnants, pas des deuxièmes. Peu importe la course, il faut la gagner !
Nous aimons King Gold depuis toujours. Il montrait déjà des moyens à 2 ans, puis il a eu quelques soucis de santé. Nous l'avons attendu. En début d'année, il est allé à Meydan où il a été malheureux, il aurait mérité de gagner. Je crois que ce voyage l'a déclenché, il a pris beaucoup de maturité et a découvert les courses rapides. Il est revenu en France : Quinté, Classe 1, Groupe 3 et maintenant Groupe 1, tout cela en six mois.
Pour ses propriétaires et éleveurs, c'est l'aboutissement de quarante années de travail avec cette famille, c'est juste magnifique. Je pense à beaucoup de gens... Ma femme, ma famille, mes amis. Toute l'équipe, car c'est un travail d'équipe. Les courses, c'est le rock ! »
Stéphane Pasquier (jockey de King Gold, 1er)
« Un grand bravo à toute l’équipe de l’entraîneur Nicolas Caullery qui a façonné ce cheval ! Il y a beaucoup d’émotion. J’ai eu la course idéale, et le cheval s’est montré lutteur jusqu’au bout. Il est particulièrement généreux. Il a été incroyable aujourd’hui ! »
Harry Herbert (manager de Highclere Thoroughbred Ltd, copropriétaire de Spycatcher, 2e)
« Il a fourni une grande performance. Nous avons failli le mettre à la retraite l’an dernier, mais notre vétérinaire l’a soigné et il a pu revenir à la compétition. Tout le mérite revient à son entraîneur Karl Burke et son équipe, qui ont réussi à le ramener à ce niveau. Gagner un Groupe 3 et passer tout près de gagner un Groupe 1, c’était vraiment inespéré il y a un an ! Nous allons sûrement le diriger sur une course comme la Sprint Cup à Haydock (Angleterre). »