Emirates Poule d'Essai des Pouliches (Gr1) : À Classique ouvert, casaque éternelle

12 mai 2024

Pouliches 24 Rouhiya

Photo scoopdyga.com

Dimanche 12 mai 2024 , Hippodrome ParisLongchamp (Paris). – À l’issue d’un début de saison qui s’est déroulé sur des pistes souvent très souples, l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches (Gr1) et ses quinze partantes semblait très ouvert, en l’absence d’un clair leader désigné par une première sélection, et avec les doutes liés à un terrain allégé.

La lauréate du Prix de la Grotte (Gr3) Candala ayant décliné la lutte, c’est Rouhiya (Lope de Vega), 3e pour sa rentrée dans le Prix du Louvre, une épreuve de classe 1, qui représentait la casaque vert et rouge et l’élevage de l’Aga Khan dans la course, avec le 10 à la corde.

D’où sa cote de 30/1…

Pourtant, c’est bien cette Rouhiya qui a tenu bon pour s’imposer face à un trio de trois britannique et irlandais emmené par l’animatrice de la course, Kathmandu (Showcasing), qui venait d’être battue sur les 1 400 mètres des Nell Gwyn Stakes (Gr3) à Newmarket, une ligne qui n’avait pas réussi dans les Mille Guinées. Une semaine de récupération en plus et un parcours en courbe auront peut-être permis à Kathmandu de redonner le meilleur d’elle-même, alors qu’elle était aussi engagée sur les 1 200m du Prix Texanita (Gr3), cinq jours après des Poules… Du reste, Rouhiya était également parmi les inscrites au Prix des Lilas (L), disputé la veille à Chantilly.

Toujours bien placée, l’irlandaise Vespertilio (Night of Thunder), élevée en France, réussit une magnifique rentrée, avec Romantic Style (Night of Thunder), toujours en bonne place, 4e tout près. Les écarts à l’arrivée (Tête, encolure et sorte encolure) témoignent du fait que la course était décidément très ouverte.

La performance de Rouhiya est néanmoins exceptionnelle. La pouliche a bien démarré et elle a pu se placer aux côtés de Kathmandu, pour être bientôt couverte par Romantic Style, la lauréate du Prix Imprudence (Gr3) sur les 1 400m de Deauville. A l’entrée de la ligne droite, elle a un moment perdu le contact avec les premières, mais elle s’est progressivement ressaisie pour aller chercher la victoire tout au bout en venant à bout de Kathmandu, décidément remarquable.

Lauréate du Prix du Louvre devant Rouhiya, Rock’n Swing (Camelot) est longtemps restée dernière et elle a refait beaucoup de terrain au sein du peloton.

La saison des pouliches sur 1 600 mètres s’annonce passionnante.

Rouhiya est issue de Rondonia (Raven’s Pass), gagnante pour ses débuts à 3 ans puis placée de Listed en fin de saison à 4 ans sur 2 000 mètres. Gagnante à Évreux et à Pornichet, la sœur aînée de Rouhiya, Rodainah (Le Havre), a été vendue 130 000 € aux ventes d’élevage Arqana en décembre.

Rondonia a aussi donné une fille de Camelot entraînée par Francis-Henri Graffard, puis une fille de Sea the Moon.

Rouhiya a gagné pour sa 2e sortie, en novembre sur 1 300m à Deauville, et sur la PSF. Troisième précédemment pour ses débuts, sur 1 400 mètres à Saint-Cloud, après avoir dû patienter trop longtemps derrière un rideau de pouliches, et face à des adversaires qui avaient déjà couru, elle avait fini en trombe, échouant de rien pour la deuxième place. Engagée dans le Prix Miesque (Gr3) mais finalement favorite pour son retour dans son maiden, elle s’est imposée en quelques foulées après avoir semblé battue.

C’est un peu le spectacle qu’elle nous a offert le jour J, à l’heure H, dans l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches, remportée par l’Aga Khan pour la 5e fois ici.

ILS ONT DIT

Princesse Zahra Aga Khan, propriétaire et éleveur de Rouhiya (1re) – Chantilly (Oise)

« C’est énorme de remporter cette Poule d’Essai ! Francis-Henri Graffard a eu l'instinct, l'année dernière, de voir en elle une pouliche de Poule. Cette semaine, nous nous sommes posés la question. Fallait-il courir la Poule d’Essai dimanche ? Ou le Prix des Lilas samedi à Chantilly ? Nous raisonnons en fonction de l'avenir, c'est-à-dire en pensant à l'élevage. Nous avons donc tenté la Poule d’Essai.

Son jockey Maxime Guyon a monté une superbe course, la pouliche a été parfaitement positionnée, en sachant ménager ses forces. À mi-ligne droite, l'incertitude était grande.

Pour un éleveur, produire une pouliche comme elle, c'est extraordinaire. C'est la récompense de décennies de travail. Les gagnantes classiques sont tellement importantes pour l'élevage, qui plus est sur le mile.

Notre élevage vit aussi un grand moment avec la réussite des étalons Zarak et Siyouni. Leur réussite n'est pas une coïncidence, c'est un travail de longue haleine et beaucoup de choses plaident en leur faveur sur le papier. C'est un jeu d'échecs avec la nature, comme aime à le dire mon père. Dans notre quête, nous sommes aidés par le fait que nous n'avons pas besoin de suivre une mode. »

Francis-Henri Graffard, entraîneur de Rouhiya (1re) – Chantilly (Oise)

« Quelle course incroyable ! Nous avons bénéficié d’un déroulement parfait, malgré le mauvais numéro de corde. J’avais dit à son jockey qu’elle a une pointe de vitesse acérée mais pas très longue. Il a donc patienté, encore et encore, avant de venir. Rouhiya avait beaucoup progressé depuis sa rentrée et elle avait très bien travaillé. J’avais hésité entre la Poule d’Essai et le Prix des Lilas, mais la princesse m’a conseillé de tenter le coup dans la Poule d’Essai. C’est mon premier Gr1 pour la casaque, qui plus est dans un Classique. »

Sam Sangster, propriétaire de Kathmandu (2e) – Grande-Bretagne

« C’est une performance fantastique. Nous avons acheté cette pouliche en juillet dernier. Elle a eu besoin d’un peu de temps pour s’adapter à son nouvel environnement. Elle n’a fait que progresser depuis qu’elle est à la maison. Elle a ouvert son palmarès fin novembre puis nous lui avons accordé un petit break. Elle a un tempérament fantastique, qu’elle tient sans doute de son père de mère, Galileo. C’est une super pouliche qui a un grand avenir. Brian Meehan et moi-même achetons des chevaux ensemble depuis dix ans. Je suis ravi pour lui et son équipe. Nous irons certainement à Royal Ascot avec elle, dans les Jersey Stakes, sur une distance plus courte. »

Kieran Lalor, manager d’Al Shira’aa Farms, propriétaire de Vespertilio (3e) – Irlande

« Nous sommes très heureux ! Willie [McCreery, ndlr] a fait un excellent travail pour l'amener au top aujourd'hui. Le numéro de corde ne l'a peut-être pas aidée. Elle a été un peu tendue au départ puis s'est bien posée. Elle montre son meilleur visage et confirme, c'est vraiment de très bon augure pour le reste de la saison d'autant plus qu'elle a très bien géré le voyage. Nous avions une interrogation sur sa capacité à tenir les 1.600 mètres mais les doutes sont levés. Bravo à tout l'entourage de la gagnante ! Dans l'immédiat, nous allons voir comment elle récupère et en discuter. Elle est engagée dans les 1.000 Guinées d'Irlande et les Coronation Stakes d’Ascot. Sa propriétaire aimerait beaucoup courir à Royal Ascot. »

Charlie Appleby, entraîneur de Romantic Style (4e) – Grande-Bretagne

« Je suis ravi ! Il y avait deux points négatifs avant le coup : le numéro de corde et le terrain rapide. Elle venait de bien faire en terrain lourd à Deauville dans le Prix Imprudence et, à 2 ans, ses meilleures performances ont été réalisées en terrain souple. Son jockey William [Buick, ndlr] trouve qu'elle s'est moins livrée aujourd'hui avec la piste rapide. Concernant la distance, elle a tenu. Nous allons réfléchir pour la suite, en gardant certainement en tête le terrain, mais les 1.400m du Haras d’Etreham Prix Jean Prat sont une possibilité. »