Hamdan Al Maktoum (1945-2021) : Les courses perdent un pilier

24 mars 2021

Hamdan Al Maktoum (1945-2021) : Les courses perdent un pilier

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Le cheik Hamdan Al Maktoum s’est éteint aujourd’hui mercredi 24 mars 2021 à l’âge de 75 ans. Le fondateur de Shadwell Stud était le deuxième des quatre frères au pouvoir à Dubaï. Ensemble, ils ont révolutionné le monde du pur-sang depuis leur arrivée sur la scène internationale des courses, à partir des années 70. Fondateur avec feu son frère aîné Maktoum et son cadet Mohammed, dirigeant de Dubaï, de l’écurie Godolphin en 1992, il a poursuivi en parallèle l’activité de sa propre casaque et de son propre élevage sous l’étiquette Shadwell, particulièrement active à l’élevage en Grande-Bretagne, en Irlande et aux États-Unis. La France faisait aussi partie du périmètre d’activité de l’organisation du cheik Hamdan, car il y envoyait chaque année plusieurs dizaines de chevaux à l’entraînement, notamment ceux qu’il achetait régulièrement aux ventes en France. En outre, il installait régulièrement des étalons de premier plan dans des haras français partenaires.

Cette méthode « douce » d’acclimatation est devenue la marque de fabrique de Shadwell, qui a souvent su s’aller avec les bonnes personnes aux quatre coins de la planète pour triompher dans le partage. C’est ainsi la casaque bleue, épaulettes blanches, toque rayée bleu et blanc, qui s’est imposée dans la Melbourne Cup 1986 At Talaq, un poulain né aux États-Unis, acheté là-bas à Fasig-Tipton, entraîné en Grande-Bretagne, gagnant du Grand Prix de Paris, puis exporté en Australie pour y être entraîné avec succès par un entraîneur local. En Afrique du Sud, le cheik Hamdan fut un des premiers soutiens de Summerhill Stud lorsque le pays s’est ouvert à l’international. C’est l’organisation du cheik Hamdan qui alla chercher Invasor en Argentine pour triompher ensuite sur le circuit nord-américain, et gagner la Dubai World Cup. Les puristes européens se rappelleront aussi l’association de la casaque Shadwell avec l’entraîneur Dick Hern, consacrée notamment avec les grands succès du crack Nashwan et ceux du phénoménal sprinter Dayjur. Ce dernier remporta le Prix de l’Abbaye de Longchamp parmi sa collection de Groupes 1, tandis que Nashwan termina sa carrière en perdant son invincibilité dans le Prix Niel -il fut vengé douze ans plus tard par Sakhee dans l’Arc. Les victoires de Salsabil dans le Prix Marcel Boussac, les Mille Guinées puis les Oaks, et surtout le Derby d’Irlande face aux mâles ont permis de vérifier qu’il était aussi de ces sportsmen qui s’autorisent à sortir des sentiers battus lorsque la bonne fortune, mais aussi l’application de principes de bon sens et la motivation d’une équipe fière et solidaire, leur a confié des chevaux sortant de l’ordinaire.

Battaash, sprinter attachant et prodigieux, aura certainement été son dernier grand champion. Quarante ans après la première victoire de ses couleurs outre-Manche, celle de Mushref à Redcar (dixit Racing Post), le cheik Hamdan semblait toujours aussi enthousiaste en dévalant les gradins d’Ascot pour aller accueillir son Battaash après son retour triomphal dans les King’s Stands’ Stakes. La nouvelle du décès de « Monsieur » Hamdan Al Maktoum (il n’utilisait pas son titre de cheik comme propriétaire en France) nous semble d’autant plus brutale.