Historique de l'Emirates Poule d'Essai des Poulains : le premier acte de la saison classique

12 mai 2024

Poulains 22 Modern Games

Photos scoopdyga.com

Mai, ParisLongchamp

The Emirates Poule d'Essai des Poulains

 

Groupe 1, Poulains entiers de 3 ans, 1 600 mètres, 650 000 €

Créée en 1840, divisée en 1883

Tenant du titre : Metropolitan (m3, FRA par Zarak ex Alianza, par Halling), appartenant à Peter Bradley & Scuderia Scolari, élevé par Stuart McPhee, entraîné par Mario Baratti, monté par Alexis Pouchin.

Temps record (moyenne piste) : 1’35’’80 par Siberian Express en 1984.

La course se déroule en 2025 pour la 138ème fois

L'édition 2024

Dimanche 12 mai 2024, Hippodrome ParisLongchamp (Paris). – Un violent orage s’est abattu sur le Bois de Boulogne entre les deux Poules d’Essai et c’est donc sur une piste un peu alourdie que s’est déroulée cette 138e édition de l’Emirates Poule d’Essai des Poulains (Gr1). Ils étaient treize au départ avec, comme chez les pouliches, un betting incertain du fait des conditions changeantes de ce printemps jusque-là très humide.

Par défaut, puisqu’aucun vrai leader n’avait émergé des préparatoires, c’est l’irlandais Henry Longfellow (Dubawi) qui faisait figure de favori, pour sa rentrée. Mais il n’en fut jamais question. En effet, l’anglais Orne (Acclamation) a pris la tête avec à ses côtés Alcantor (New Bay), malgré son 13 à la corde, et en dehors Ramadan (Le Havre), suivis à la corde par Metropolitan (Zarak) avec Diego Velasquez (Frankel), un irlandais supposément programmé pour plus long.

Dans la dernière ligne droite, Metropolitan a pu faire le meilleur usage de l’open-stretch pour se glisser à l’intérieur des leaders. Pendant ce temps, Alcantor et Ramadan s’expliquaient pour prendre le meilleur et ils n’ont jamais lâché le morceau, mais sans pouvoir contenir d’une part Metropolitan, qui a surgi à la fin, puis Dancing Gemini (Camelot), encore un cheval supposé tenir, qui a fini fort 2e. Alcantor est resté un très courageux 3e, effaçant ainsi son échec de Newmarket pour sa rentrée, avec Diego Velasquez venu en dehors priver Ramadan de la 4e place.

Comme chez les Pouliches, les écarts sont très serrés : ½ longueur, courte encolure, encolure et ¾ puis courte tête et courte encolure.

La course a été près de deux secondes plus lente que celle des Pouliches.

Engagé dans le Qatar Prix du Jockey Club (Gr1), Metropolitan a gagné ses deux courses à 2 ans, le Prix de Montaigu, en août à Deauville sur 1 600 mètres, puis une classe 2 sur la même distance à Chantilly. Pour sa rentrée dans le Prix de Fontainebleau (Gr3), il n’avait pas démérité en finissant plaisamment en revenant de l’arrière. Il a toutefois refait plusieurs longueurs ici sur Ramadan et sur Beauvatier (Lope de Vega), jamais en course cette fois.

Metropolitan a été acheté pour 78 000 € aux ventes de Deauville par Alessandro Marconi. Un 4ans par Myboycharlie vient de débuter par une 7e place à Durtal, un 2ans par Elarqam acheté 21 000 € est à l’entraînement chez Stéphane Cerulis, et un fils de Romanised est né l’an dernier.

Les deux premières mères de Metropolitan n’ont pas couru mais la 2e a des frères et sœurs qui ont réussi au meilleur niveau, et même produit des perfomers de Groupe 1.

 

Historique

Pas courue de 1915 à 1918 et en 1940. Courue au Tremblay en 1943, à Maisons-Laffitte en 1944 et 1945. Courue à Deauville en 2016 et 2017 pendant les travaux à Longchamp, puis en 2020 en raison de l'interdiction des courses à Paris pendant l'épidémie de coronavirus.

Réservée aux seuls mâles de 3ans sur la distance de 1 600 mètres, la Poule d’Essai des Poulains est l’équivalent français des Deux Mille Guinées en Angleterre, qui se déroulent elles aussi au tout début du mois de mai, mais à Newmarket en ligne droite et non pas à Longchamp sur un tracé curviligne.

Traditionnellement, ces épreuves ouvrent la saison classique des 3ans puisque ce sont les premières courses de Groupe 1 de l’année pour la promotion. C’est déjà un objectif en soi, cependant, en plus d’un test pour la suite des programmes : selon le comportement des poulains, dont quelques-uns n’ont jamais couru jusqu’alors sur cette distance, on saura s’ils peuvent espérer aller plus loin –un mois plus tard sur les 2 100 mètres du Prix du Jockey Club, par exemple. Certains, en revanche, resteront sur un parcours maximum de 1 600 mètres, et d’autres reviendront sur plus court encore.

C’est le grand carrefour du début de saison, le premier acte d’une histoire qui se poursuit jusqu’en octobre…

Partants

Le plus grand nombre de partants, 16, fut enregistré en 1914 et en 1924. Ils furent 15 à s’aligner en 1898 et en 1999. Participation réduite à 3 concurrents en 1885 et à 4 en 1895, 1905, 1933, 1937, 1965, 1967 et 1979. A noter que l’allocation est passée de 450 000 euros en 2012 à 500 000 euros en 2013 et à 550 000 euros en 2014, puis 600 000 euros en 2017 et 650 000 euros à présent.

Partenariats

Cette course, comme l’épreuve correspondante réservée aux pouliches, fut parrainée de 1986 à 2001 par Dubaï, l’un des sept états des Emirats Arabes Unis (UAE). De 2002 à 2006, c’est Gainsborough, nom attribué par le cheik Maktoum Al Maktoum (décédé le 4 janvier 2006) à ses haras situés dans le Berkshire (Grande Bretagne) et dans le Kentucky (USA), qui a pris le relais. Abu Dhabi, via l’Abu Dhabi Sports Council, est partenaire des deux Poules d’Essai en 2017, puis les Émirats arabes unis via le vocable The Emirates en 2018.

Une Poule d’Essai « mixte » de 1840 à 1882

Cette Poule d’Essai fut disputée pour la première fois en 1840 au Champ de Mars, sur une distance de 2 000 mètres, un tour de piste environ. Elle fut gagnée par Gygès appartenant au duc d’Orléans. Dès 1841, la distance fut ramenée à 1 500 mètres – trois quarts de tour environ –, à commencer après le tournant du pont d’Iéna. A partir de 1857, cette Poule d’Essai fut courue à Longchamp, tout d’abord sur 1 500 mètres, puis à dater de 1867 sur 1 600 mètres.

De 1840 à 1882, la Poule d’Essai fut disputée seulement quarante fois. Il y eut trois annulations : en 1843 et 1845, faute d’un nombre d’engagements suffisant, et en 1871 du fait de la guerre. Sur ces quarante épreuves, trente furent enlevées par des poulains et dix par des pouliches. Au cours de cette époque, cette Poule d’Essai unique fut souvent remportée par le meilleur sujet de la génération. Ainsi, parmi les quarante lauréats, deux pouliches gagnèrent ensuite le Prix de Diane, Bounty (1852) et Stradella (1862) et huit poulains s’adjugèrent le Prix du Jockey Club, Gambetti (1848), Experience (1849), Saint Germain (1860), Monarque (1855), Gontran (1865), Consul (1869), Revigny (1872) et Zut (1879).

Durant cette période, les couleurs d’Auguste Lupin gagnèrent 9 éditions avec Fiametta (1841), Gambetti (1848), Saint-Germain (1850), Florin (1857), Stentor (1863), Saint-Cyr (1875), Enguerrande (1876), Fontainebleau (1877), Prométhée (1881). La casaque de Frédéric de Lagrange s’imposa 5 fois avec Stradella (1862), Puebla (1866), Consul (1869), Clémentine (1878) et Zut (1879).

Cette Poule d’Essai avait été créée à l’image des « Guinées » se courant en Angleterre début mai à Newmarket sur la distance du mile (1 609 mètres), premier test classique pour les chevaux de 3 ans. Mais en Angleterre, il y avait deux épreuves distinctes : les Deux Mille Guinées (pour mâles et femelles) créées en 1809 et, depuis 1814, les Mille Guinées réservées aux pouliches. C’est cette séparation des sexes qui fut adoptée en 1883 quand il apparut qu’un nombre suffisant de partants pourrait s’aligner dans chacune des deux épreuves du fait de l’augmentation des naissances de pur sang.

Poule d’Essai, Jockey Club et Grand Prix de Paris

Remporter ces trois épreuves sur des distances croissantes (1 600, 2 400 et 3 000 mètres) était le défi ultime du programme français. De 1883 à 1986 (année où la distance du Grand Prix fut réduite à 2 000 mètres), cinq vainqueurs de la Poule d’Essai des Poulains ont gagné le Jockey Club : Heaume (1890), Perth (1899), Retz (1902), Dagor (1913) et Right Royal (1961). Egalement cinq ont gagné le Grand Prix de Paris : Arreau (1896), Perth (1899), Chéri (1901), Verdun (1909) et Fiterari (1927). On constate qu’un seul est parvenu à triompher dans les trois courses. Ce cheval unique, c’est Perth. Depuis 2005, année où la distance du Jockey Club a été réduite à 2 100 mètres, quatre vainqueurs de la Poule d’Essai ont réussi le doublé, Shamardal (2005), Lope de Vega (2010), Brametot (2017) et St Mark's Basilica (2021).

Participation étrangère

C’est seulement en 1981 que le premier visiteur inscrivit son nom au palmarès de la course, en l’occurrence l’anglais Recitation qui avait remporté le Grand Critérium sur la même piste l’année précédente. Après une pause, l’année 1995 a vu la reprise de victoires étrangères avec 4 pour l’Angleterre grâce à Vettori (1995), Victory Note (1998), Bachir (2000) et Shamardal (2005) ; et 5 pour l’Irlande avec Landseer (2002), Aussie Rules (2006), Astronomer Royal (2007), The Gurkha (2016) et St Mark's Basilica (2021).

 

Propriétaires

  • Edmond Blanc (8 victoires) : Arreau (1896), Governor (1900), Vinicius (1903), Gouvernant (1904), Val d’Or (1905), Ouadi Halfa (1907), Lord Burgoyne (1911), Dagor (1913) ;

  • Aga Khan (8 victoires) : Buisson Ardent (1956), Zeddaan (1968), Kalamoun (1973), Blushing Groom (1977), Nishapour (1978), Ashkalani (1996), Daylami (1997), Sendawar (1999).

  • Famille Niarchos (6 victoires) : Melyno (1982), L’Emigrant (1983), Hector Protector (1991), Shanghai (1992), Kingmambo (1993), Karakontie (2014).

  • Mohammed Al Maktoum et Godolphin (6 victoires): Soviet Star (1987) pour Mohammed Al Maktoum, Vettori (1995), Shamardal (2005), Persian King (2019), Victor Ludorum (2020), Modern Games (2022) pour Godolphin.


Entraîneurs

  • Robert Denman (11 victoires) : Regain (1883), Archiduc (1884), Vinicius (1903), Gouvernant (1904), Val d’Or (1905), Ouadi Halfa (1907), Lord Burgoyne (1911), Dagor (1913), Le Traquet (1921), Sir Gallahad (1923), Astérus (1926).

  • André Fabre (8 victoires) : Siberian Express (1984), Soviet Star (1987), Vahorimix (2001), Clodovil (2003), Lope de Vega (2010), Make Believe (2015), Persian King (2019), Victor Ludorum (2020).

  • François Mathet (7 victoires) : Tantième (1950), Relko (1963), Zeddaan (1968), Kalamoun (1973), Blushing Groom (1977), Nishapour (1978), Melyno (1982).

  • François Boutin (6 victoires) : L’Emigrant (1983), Blushing John (1988), Linamix (1990), Hector Protector (1991), Shanghai (1992), Kingmambo (1993).

  • Etienne Pollet (5 victoires): Côte d'Or II (1954), Tyrone (1957), Right Royal (1961), Neptunus (1964) & Blue Tom (1967).

  • Aidan O'Brien (5 victoires) : Landseer (2002), Aussie Rules (2006), Astronomer Royal (2007), The Gurkha (2016), St. Mark's Basilica (2021).
     

Jockeys

  • Freddy Head (6 victoires) : Green Dancer (1975), Red Lord (1976), Blushing John (1988), Linamix (1990), Hector Protector (1991), Shanghai (1992).

  • George Stern (5 victoires) : Val d’Or (1905), Ouadi Halfa (1907), Monitor (1908), Lord Burgoyne (1911), Dagor (1913).

  • Roger Poincelet (5 victoires) : Mistral (1945), Tantième (1950), Buisson Ardent (1956), Tyrone (1957), Right Royal (1961).

  • Yves Saint-Martin (5 victoires) : Adamastor (1962), Relko (1963), Zeddaan (1968), Melyno (1982), No Pass No Sale (1985).

  • Paul Blanc (4 victoires): Rigolo (1948), Free Man (1951), Guersant (1952) & Cobalt (1953).