Historique de l'Emirates Poule d'Essai des Pouliches : le premier classique au féminin

12 mai 2024

Pouliches 22 Mangoustine

Photo scoopdyga.com

Mai, ParisLongchamp

The Emirates Poule d'Essai des Pouliches

 

Groupe 1, Pouliches de 3 ans, 1 600 mètres, 550 000 €

Créée en 1840, divisée en 1883

Tenante du titre : Rouhiya (f3, FRA par Lope de Vega ex Rondonia, par Raven’s Pass), appartenant à S. A. Aga Khan, élevée par S. A. Aga Khan, entraînée par Francis-Henri Graffard, montée par Maxime Guyon.

Temps record (Grande Piste) : 1’34’’77 par Flotilla en 2013.

La course se déroule en 2025 pour la 138ème fois

L'édition 2024

Dimanche 12 mai 2024 , Hippodrome ParisLongchamp (Paris). – À l’issue d’un début de saison qui s’est déroulé sur des pistes souvent très souples, l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches (Gr1) et ses quinze partantes semblait très ouvert, en l’absence d’un clair leader désigné par une première sélection, et avec les doutes liés à un terrain allégé.

La lauréate du Prix de la Grotte (Gr3) Candala ayant décliné la lutte, c’est Rouhiya (Lope de Vega), 3e pour sa rentrée dans le Prix du Louvre, une épreuve de classe 1, qui représentait la casaque et l’élevage de l’Aga Khan dans la course, avec le 10 à la corde.

D’où sa cote de 30/1…

Pourtant, c’est bien cette Rouhiya qui a tenu bon pour s’imposer face à un trio de trois britannique et irlandais emmené par l’animatrice de la course, Kathmandu (Showcasing), qui venait d’être battue sur les 1 400 mètres des Nell Gwyn Stakes (Gr3) à Newmarket, une ligne qui n’avait pas réussi dans les Mille Guinées. Une semaine de récupération en plus et un parcours en courbe auront peut-être permis à Kathmandu de redonner le meilleur d’elle-même, alors qu’elle était aussi engagée sur les 1 200m du prix Texanita (Gr3), le lendemain des Poules… Du reste, Rouhiya était également parmi les inscrites au Prix des Lilas (L), disputé la veille à Chantilly.

Toujours bien placée, l’irlandaise Vespertilio (Night of Thunder), élevée en France, réussit une magnifique rentrée, avec Romantic Style (Night of Thunder), toujours en bonne place, 4e tout près. Les écarts à l’arrivée (Tête, encolure et sorte encolure) témoignent du fait que la course était décidément très ouverte.

La performance de Rouhiya est néanmoins exceptionnelle. La pouliche a bien démarré et elle a pu se placer aux côtés de Kathmandu, pour être bientôt couverte par Romantic Style, la lauréate du Prix Imprudence (Gr3) sur les 1 400m de Deauville. A l’entrée de la ligne droite, elle a un moment perdu le contact avec les premières, mais elle s’est progressivement ressaisie pour aller chercher la victoire tout au bout en venant à bout de Kathmandu, décidément remarquable.

Lauréate du prix du Louvre devant Rouhiya, Rock’n Swing (Camelot) est longtemps restée dernière et elle a refait beaucoup de terrain au sein du peloton.

La saison des pouliches sur 1 600 mètres s’annonce passionnante.

Rouhiya est issue de Rondonia (Raven’s Pass), gagnante pour ses débuts à 3 ans puis placée de Listed en fin de saison à 4 ans sur 2 000 mètres. Gagnante à Évreux et à Pornichet, la sœur aînée de Rouhiya, Rodainah (Le Havre), a été vendue 130 000 € aux ventes d’élevage Arqana en décembre.

Rouhiya a gagné pour sa 2e sortie, en novembre sur 1 300m à Deauville, et sur la PSF. Troisième précédemment pour ses débuts, sur 1 400 mètres à Saint-Cloud, après avoir dû patienter trop longtemps derrière un rideau de pouliches, et face à des adversaires qui avaient déjà couru, elle avait fini en trombe, échouant de rien pour la deuxième place. Engagée dans le Prix Miesque (Gr3) mais finalement favorite pour son retour dans son maiden, elle s’est imposée en quelques foulées après avoir semblé battue.

C’est un peu le spectacle qu’elle nous a offert le jour J, à l’heure H, dans l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches, remportée par l’Aga Khan pour la 5e fois ici.

Historique

Réservée aux seules pouliches de 3ans sur la distance de 1 600 mètres, la Poule d’Essai des Pouliches est bâtie exactement sur le même modèle que la version masculine, qui se déroule le même premier dimanche de mai sur l’hippodrome de Longchamp.

Les programmes masculins et féminins du début de l’année de 3 ans des chevaux sont rigoureusement identiques et là encore, il s’agit d’ouvrir la saison classique. Ce premier grand test sur 1 600 mètres détermine la suite de la saison mais chez les pouliches, il est assez naturel d’aller sur les 2 100 mètres du Prix de Diane Longines, un mois plus tard à Chantilly, car un échec n’est pas aussi pénalisant sur le CV d’une femelle. Contrairement à un étalon, elle n’a pas besoin d’être irréprochable pour avoir beaucoup de valeur au haras.

Créée en 1883 lors de la division en deux épreuves – l’une pour les mâles, l’autre pour les femelles – d’une course mixte appelée « Poule d’Essai » datant de 1840 (Voir l’historique de cette course à Poule d’Essai des Poulains).

Pas courue de 1915 à 1918 et en 1940. Courue au Tremblay en 1943, à Maisons-Laffitte en 1944 et 1945. Courue à Deauville en 2016 et 2017 pendant les travaux à Longchamp. Programmée sur la Grande Piste de Longchamp de 1987 à 2015, elle devait se disputer sur la Moyenne Piste à partir de 2018 mais a été transférée in extremis sur la Grande Piste cette année-là à la demande des jockeys. En 2016 et en 2017, la course s'est déroulée sur la ligne droite de Deauville pendant les travaux des tribunes parisiennes. Elle y est retournée en 2020, car les courses étaient interdites en région parisienne en raison de l'épidémie de coronavirus, et elle a été reprogrammée cette année-là le 1er juin pour les mêmes raisons. 

Partantes

Le plus grand nombre de partants, 19, fut enregistré en 1912. Elles furent 18 à s’aligner en 1924 et en 1986 et 17 en 2002. Participation réduite à 3 concurrentes en 1890 et à 6 en 1885, 1888, 1892, 1910, 1937, 1944, 1950 et 1980.

Partenariat

Cette course, comme l’épreuve correspondante réservée aux poulains, fut parrainée de 1986 à 2001 par Dubai, l’un des sept états des Emirats Arabes Unis (UAE). De 2002 à 2006, c’est Gainsborough, nom attribué par le cheik Maktoum Al Maktoum (décédé le 4 janvier 2006) à ses haras situés dans le Berkshire (Grande Bretagne) et dans le Kentucky (USA), qui a pris le relais. Abu Dhabi, via l’Abu Dhabi Sports Council, est partenaire des deux Poules d’Essai en 2017, puis les Émirats arabes unis via le vocable The Emirates en 2018.

Saint-Alary et Diane

La Poule d’Essai des Pouliches constitue l’épreuve de référence en vue du Prix de Diane Longines. Le doublé Poule d’Essai des Pouliches-Prix de Diane a été réalisé par 27 pouliches qui peuvent être considérées comme les reines de leur génération : Barberine (1885), Wandora (1890), Primrose (1891), Roxelane (1897), Semendria (1900), La Camargo (1901), Kizil Kourgan (1902), Rose de Mai (1903), Flowershop (1920), Fairy Legend (1927), Pearl Cap (1931), Féerie (1938), Caravelle (1943), Nikellora (1945), Corteira (1948), Apollonia (1956), Timandra (1960), La Sega (1962), Gazala (1967), Allez France (1973), Madelia (1977), East of the Moon (1994), Divine Proportions (2005), Zarkava (2008), Golden Lilac (2011), Avenir Certain (2014) et La Cressonière (2016).

Et trente et une gagnantes de la Poule d’Essai se sont placées deuxième ou troisième dans le Prix de Diane, la plus récente étant Beauty Parlour (2012, deuxième).

Seize pouliches placées deuxième ou troisième dans la Poule d’Essai ont pris leur revanche en gagnant ensuite le Prix de Diane, la plus récente étant Carling (1995, 2ème).

Participations étrangères

Les concurrentes étrangères comptent six victoires, la première étant intervenue en 1992 avec l’anglaise Culture Vulture. Trois de ses compatriotes l’ont imitée depuis lors : Ta Rib (1996), Valentine Waltz (1999), Zenda (2002) et Teppal (2018) ainsi que l’irlandaise Rose Gypsy (2001).

Propriétaires

  • Marcel Boussac (8 victoires) : Esméralda (1942), Caravelle (1943), Palencia (1944), Corteira (1948), Coronation et Galgala (ex æquo en 1949), Corejada (1950), Djelfa (1951), Apollonia (1956).
  • Karim Aga Khan (5 victoires) : Masarika (1984), Zalaiyka (1998), Zarkava (2008), Ervedya (2015), Rouhiya (2024) ;
  • Edouard de Rothschild (4 victoires) : Flowershop (1920), Nephthys (1921), La Dame de Trèfle (1925) et Ligne de Fond (1932) ;
  • François Dupré (4 victoires) : Yonne (1939), Virgule (1954), Solitude (1961) et La Sega (1962).

Entraîneurs

  • Charles Semblat (7 victoires) : Esméralda (1942), Caravelle (1943), Palencia (1944), Corteira (1948), Coronation et Galgala (ex æquo en 1949), Corejada (1950), Djelfa (1951) ;
  • Christiane Head (7 victoires) : Three Troikas (1979), Silvermine (1985), Baiser Volé (1986), Ravinella (1988), Matiara (1995), Always Loyal (1997), Special Duty (2010).
  • François Mathet (5 victoires) : Virgule (1954), Solitude (1961), La Sega (1962), Pola Bella (1968), Koblenza (1969) ;
  • Alec Head (5 victoires) : Toro (1957), Yla (1958), Ginetta (1959), Ivanjica (1975), Dancing Maid (1978).
  • Jean-Claude Rouget (5 victoires) : Elusive Wave (2009), Avenir Certain (2014), Ervediya (2015), La Cressonnière (2016), Cœursamba (2021).
  • Frank Carter (4 victoires) : Rebia (1924), Roahouga (1928), Pearl Cap (1931), Bipearl (1933).
  • François Boutin (4 victoires) : River Lady (1982), Miesque (1987), Madeleine's Dream (1993), East of the Moon (1994).
  • Alain de Royer-Dupré (4 victoires) : Masarika (1984), Zalaiyka (1998), Darjina (2007), Zarkava (2008).

Jockeys

  • Freddy Head (8 victoires) : Ivanjica (1975), Riverqueen (1976), Dancing Maid (1978), Three Troikas (1979), Silvermine (1985), Miesque (1987), Matiara (1995), Always Loyal (1997).
  • Yves Saint-Martin (7 victoires) : Solitude (1961), La Sega (1962), Pola Bella (1968), Koblenza (1969), Allez France (1973), Madelia (1977), Masarika (1984). 
  • Roger Poincelet (5 victoires) : Corteira (1948), Coronation (1949), Hurnli (1953), Altissima (1963), La Sarre (1965). 
  • Christophe Soumillon (5 victoires) : Musical Chimes (2003), Darjina (2007), Zarkava (2008), Beauty Parlour (2012), Ervedya (2015).