Historique du Guiche : Une filière revisitée

10 mai 2021

Makaloun gagne le Guiche 2021

Photo Flop Shot : scoopdyga.com

Mai, Chantilly

Prix de Guiche

 

Groupe 3, Poulains entiers et hongres de 3ans, 1 800 mètres, 80 000 €

Créé en 1865

Tenant du titre : Makaloun (m3, FRA par Bated Breath et Makana, par Dalakhani), appartenant à l'Aga Khan, élevé par l'Aga Khan, entraîné par Jean-Claude Rouget, monté par Christophe Soumillon.

Temps-record : 1'49''1 par Absolutely Yes en 2011.

La course se déroule en 2022 pour la 153ème fois

 

L'édition 2021

 

Mardi 11 mai 2021, Hippodrome de Chantilly (Oise). - Almanzor (Wootton Bassett) était jusqu’alors le dernier lauréat du Prix de Guiche (Gr3) entraîné par Jean-Claude Rouget. C’était en 2016. Pour sa rentrée, après 199 jours d’absence, Makaloun (Bated Breath) enlève l’édition 2021. A 26 jours du Prix du Jockey Club (6 juin), il n’est pas impossible qu’il soit aligné dans le Classique français. Son entraîneur a déjà validé la présence de Saiydabad (Blame) dans le Derby français pour la même casaque, celle de l'Aga Khan.

Dans sa quête du jour, Makaloun est aidé par son sparring-partner du matin, Veldeni (Exceed and Excel) monté par Coralie Pacaut. La femme jockey augmente le rythme à la sortie du tournant et se décale ainsi de la corde, laissant alors passer Makaloun. Il changera de jambes uniquement sous la menace de Fort Payne (Rio de la Plata). Soutenu aux bras, Makaloun  s’impose d’une demi longueur devant Millebosc (Le Havre), déjà titulaire d’une deuxième place sur la piste de Chantilly lors de sa rentrée fin avril. Fort Payne (Rio de la Plata) prend le deuxième accessit.

Si Alain de Royer Dupré avait entraîné la mère de Makaloun, Makana (Dalakhani), Jean-Claude Rouget avait été le mentor de la deuxième mère, Marasima (Barathea). Lauréate de son unique course, à Bordeaux en 2006 et devenue génitrice de Markazi (Dark Angel), lauréat du Prix Omnium II en 2017 et vendu ensuite 140 000 euros aux ventes d’été Arqana.

Makana est également passée sur le ring Arqana en 2019, achetée pleine d’Anodin 14 000 euros par Jan Krauze, qui l’avait ensuite présentée pleine de Territories l’an passé. Elle avait alors été rachetée pour 160 000 euros.

Lors de la saison de monte 2017, S.A. Aga Khan a utilisé seulement à trois reprises Bated Breath dont Makaloun est le résultat. Cet élevage s’essaie à plusieurs voies, puisqu’il a utilisé les étalons américains Blame pour Saiydabad et Distorted Humor pour Ebaiyra.

Après Worth Waiting (Prix Minerve 2018) et Cairn Gorm, issu lui aussi d’une mère par Dalakhani (Prix de Cabourg 2020), Malakoun offre un quatrième Groupe en France à Bated Breath, puisqu'avant sa 3e place dans le Critérium de Saint-Cloud, le représentant Aga Khan s’était adjugé le Prix de Condé Gr.3.


Historique

Cette course, dédiée à la mémoire d’un homme de cheval célèbre, remonte à 1865. Elle remplaça un « Prix spécial (4ème classe) » disputé sur 2 000 mètres lors de la première réunion de printemps à Longchamp. Rapidement, il rassembla de bons poulains de 3 ans ayant des ambitions classiques. A l’origine fixée à 2 000 mètres, la distance du Prix de Guiche a subi différentes modifications, tout en demeurant voisine des deux kilomètres, et elle s’est fixée sur 1 800 mètres en 2005, pour mieux préparer au Prix du Jockey Club (Gr1), raccourci la même année.

Par suite de la guerre le Prix de Guiche ne fut pas couru en 1871 et de 1915 à 1918. Il fut disputé pour la première fois à Chantilly en 2005. Jusqu’alors, il avait eu Longchamp pour théâtre, à l’exception de deux années de guerre, 1944 et 1945, quand il avait trouvé refuge à Maisons-Laffitte.

Bon nombre de lauréats du Prix de Guiche ont justifié les ambitions classiques de leurs propriétaires. Parmi eux, on relève au sommet, les vainqueurs des courses suivantes :

  • Prix du Jockey Club : Consul (1869), Revigny (1872), Boïard (1873), Frontin (1883), Little Duck (1884), Reluisant (1885), Ermak (1891), Retz (1902), Negofol (1909), Ardan (1944), Scratch (1950), Sicambre (1951), Top Ville (1979), Lawman (2007), Almanzor (2016).
  • Derby d’Epsom : Relko (1963).
  • Grand Prix de Paris : Boïard (1873), Saint-Christophe (1877), Frontin (1883), Little Duck (1884), Nuage (1910), Sicambre (1951), Homme de Loi (1992), Millkom (1994), Valanour (1995), Behkabad (2010).
  • Prix de l’Arc de Triomphe : Saint Crespin (1959), Vaguely Noble (1968).

Antoine de Guiche (1789-1855)

Antoine-Héraclius-Geneviève-Agénor, duc de Guiche puis duc de Gramont en 1836, époque où, à la mort de son père, il devient le chef de sa maison, avait émigré avec son père à la Révolution. Il parcourut avec lui une partie de l’Europe, notamment la Russie et surtout l’Angleterre à partir de 1802. Il servit contre son pays dans les rangs anglais au Portugal et en Espagne, et revint en France en 1814 quand il fut nommé colonel de cavalerie par le duc d’Angoulême. Celui-ci l’attacha à sa personne comme aide de camp, puis comme premier Écuyer, enfin comme maréchal de camp. Exilé durant les Cent Jours, il revint en France à la suite des alliés après Waterloo, prit le commandement provisoire de Bordeaux puis celui d’une brigade de cavalerie. En 1823, il fit avec le Dauphin l’expédition d’Espagne à la suite de laquelle il fut nommé lieutenant-général. En 1828, il commanda la 2ème Division de cavalerie du camp de Lunéville. A la Révolution de Juillet, il suivit la famille royale en Ecosse. En 1833, il revint en France, où il fut déclaré démissionnaire de l’armée pour avoir refusé de prêter serment. Il vécut alors dans la retraite jusqu’à sa mort.

C’est en 1818 que le Dauphin le chargea de fonder en son nom « un établissement de production et d’élève qui pût servir de modèle à nos grands propriétaires et encourager des essais ultérieurs ». C’est ainsi que fut créé le haras de Meudon dont les élèves coururent sous le nom de duc de Guiche. Sous ses couleurs (casaque bleue), cinq élèves de Meudon remportèrent le Grand Prix Royal, principale épreuve disputée alors à Paris au Champ de Mars : Neel (à 4 ans en 1823), Pénélope (à 4 ans en 1824), Odysseus ( à 4 ans en 1826), Médéa (à 4 ans en 1827), Vittoria (à 5 ans en 1828). Guiche eut la bonne fortune d’importer d’Angleterre, en 1818, une poulinière pleine de Don Cossack nommée Sorcerer Mare (1807). Rebaptisée Sorcière, elle donna le jour en 1819, à une femelle, Geane dont la descendance s’illustra tant au Champ de Mars que dans les premières grandes épreuves de Chantilly. Après la Révolution de Juillet, le haras de Meudon fut placé sur la liste civile du nouveau roi, Louis-Philippe, qui le donna en 1833 à son fils aîné.

En Angleterre, où il avait longuement séjourné, Guiche était devenu un chaud partisan du cheval de pur-sang. Il importa en France des idées nouvelles qui soulevèrent des polémiques. Il fit connaître ses idées en publiant plusieurs ouvrages, tels De l’amélioration des chevaux en France (1829), Nouvelles observations de M. le duc de Guiche sur l’amélioration des races de chevaux en France (1830), Considérations sur les institutions hippiques et sur les moyens de propager et d’améliorer les races chevalines en France (1843).

 

Propriétaires

  • Casaque Aga Khan (11 victoires) : Beigler Bey (1954), Hafiz (1955) pour Aga Khan III, Jour et Nuit III (1964), White Star (1965), Top Ville (1979), Shakapour (1980), Yashgan (1984), Valanour (1995), Behkabad (2010), Dalwari (2013), Makaloun (2021) pour Aga Khan IV.
  • Frédéric de Lagrange (9 victoires) : Equivoque (1866), Pompier (1868), Consul (1869), Braconnier (1876), Saint-Christophe (1877), Colifichet (1878), Barde (1879), Muscadin III (1880), Gourgandin (1881).
  • Casaque Wertheimer (7 victoires) : Orante (1975), Gay Mecene (1978), Pluralisme (1983), Val des Bois (1989) pour Jacques, Gold Away (1998), Gold Sound (2005), Flop Shot (2019) pour Wertheimer&Frère.
  • Edouard de Rothschild (6 victoires) : Rioumajou (1911), Rabican (1924), Godiche (1930), Nadir (1931), Mousson (1937), Bacchus (1939).
  • Marcel Boussac (5 victoires) : Grazing (1921), Giaour (1943), Ardan (1944), Norval (1949), Scratch (1950).
     

Entraîneurs

  • Thomas Jennings (9 victoires) : Equivoque (1866), Pompier (1868), Consul (1869), Braconnier (1876), Saint-Christophe (1877), Colifichet (1878), Barde (1879), Muscadin III (1880), Gourgandin (1881).
  • Jean-Claude Rouget (7 victoires) : Millkom (1994), Mister Sacha (2004), Behkabad (2010), Dalwari (2013), War Dispatch (2015), Almanzor (2017), Makaloun (2021).
  • Christiane Head (6 victoires) : In Extremis (1988), Val des Bois (1989), Roi de Rome (1990), Gold Away (1998), Mizzen Mast (2001), Rouvres (2002).
  • André Fabre (6 victoires) : Homme de Loi (1992), Martiniquais (1996), Kirkwall (1997), Val Royal (1999), Saint Baudolino (2012), Flop Shot (2019).
  • Alec Head (5 victoires) : Hafiz (1955), Saint Crespin (1959), Orante (1975), Gay Mecene (1978), Pluralisme (1983).
  • François Mathet (5 victoires) : Relko (1963), Jour et Nuit III (1964), White Star (1965), Top Ville (1979), Shakapour (1980).
     

Jockeys

  • Yves Saint-Martin (8 victoires) : Relko (1963), Jour et Nuit III (1964), White Star (1965), A Tempo (1966), Antipode (1974), Top Ville (1979), Shakapour (1980), Yashgan (1984).
  • George Stern 5 victoires) : Retz (1902), Avanti (1905), Dihor (1907), Rioumajou (1911), Grazing (1921).
  • Roger Poincelet (5 victoires) : Plaisir de France (1941), Norval (1949), Beigler Bey (1954), Hafiz (1955), Kirkes (1960).
  • Freddy Head (5 victoires) : Lisaro (1973), Orante (1975), Gay Mecene (1978), Pluralisme (1983), Val des Bois (1989).
  • Charles Bouillon (4 victoires) : Godiche (1930), Nadir (1931), Mousson (1937), Bacchus (1939).
  • Olivier Peslier (4 victoires) : Martiniquais (1996), Val Royal (1999), Gold Sound (2005), Lawman (2007).
  • Christophe Soumillon (4 victoires) : Trincot (2008), War Dispatch (2015), Almanzor (2016), Makaloun (2021).