Historique du Kergorlay : Un classique de Deauville

19 août 2020

Historique du Kergorlay : Un classique de Deauville

Photo scoopdyga.com

Août, Deauville

Darley Prix Kergorlay


Groupe 2, 3ans et plus, 3 000 mètres, 90 000€

Créé en 1864

Tenant du titre : Call the Wind (h6, GB par FRankel et In Clover, par Inchinor), appartenant à George Strawbridge, élevé par George Strawbridge, entraîné par Freddy Head, monté par Olivier Peslier.

 

La course se déroule en 2021 pour la 150ème fois

L'édition 2020

 

Dimanche 23 août 2020, Deauville. – Le peloton de cette 149ème édition du Darley Prix Kergorlay (Gr2) s’est réduit à huit après les forfaits de Get Shirty, Red Verdon et Alkuin. Après avoir laissé Collide (Frankel) le relayer en tête, le favori Call the Wind (Frankel) a fondu sur lui à l’entrée de la ligne droite et dominé sans opposition pour ce retour à la compétition, plus de deux mois après son échec malheureux du prix Vicomtesse Vigier (Gr2). Le représentant de George Strawbridge laisse ainsi le bon finisseur Ashrun (Authorized) prendre la deuxième place à une longueur et demie devant un autre concurrent venu d’Allemagne, Windstoss (Shirocco), qui passe ainsi avec succès son test sur la longue distance. D’une façon générale, plusieurs concurrents ont bien fini pour passer Collide dans les deux cents derniers mètres, mais Call the Wind avait fait la différence de bonne heure.

Issu d’un champion miler et membre d’une fratrie qui a surtout réussi sur des parcours inférieurs à 2 000 mètres, Call the Wind s’est révélé pleinement sur les parcours de tenue en remportant le Qatar Prix du Cadran (Gr1) en 2018 sur 4 000 mètres, puis il a régulièrement fait l’arrivée sur le circuit des stayers européens -notamment en terminant en 2019 deuxième de ce même Darley Prix Kergorlay derrière Marmelo.

Il a couru et gagné en février la première édition d’un gros handicap fortement doté en Arabie Saoudite.

Call the Wind est un frère utérin de With You (Dansili), gagnante du Prix Rothschild (Gr1), dont elle a fini deuxième, comme elle a terminé deuxième du Prix Saint-Alary (Gr1) et du Prix Romanet (Gr1) sur 2 000 mètres. Sa propre sœur We Are (Dansili) a pour sa part gagné le Prix de l’Opéra Longines (Gr1), sur 2 000 mètres aussi.

Les deux derniers produits de leur mère In Clover (Inchinor), gagnante du Prix de Flore (Gr3) sur 2 100 mètres à l’automne de ses 3 ans, sont deux mâles par Dansili et Dubawi nés respectivement en 2017 et 2018. Le 3 ans par Dansili est entraîné, comme son frère, par Freddy Head et il a débuté par une neuvième place en juillet à Compiègne.

 

Historique

Cette épreuve a un caractère historique. Elle était l’une des six courses plates au programme de la première réunion organisée à Deauville, le dimanche 14 août 1864. Sous le nom de Prix de la Société d’Encouragement (3 000 mètres), elle offrit 5 100 F à Thomas Carter, à la fois propriétaire et entraîneur de la pouliche de 4 ans Nobility, qui devança ses deux adversaires de qualité, Orphelin et Jarnicoton. Un peu plus tard, en 1875, la course prit le nom de Prix de Longchamps qu’elle conserva jusqu’en 1910. Puis en 1911, elle devint Prix Florian de Kergorlay, appellation remplacée en 1929 par Prix Kergorlay tout court. Depuis 2006, cette course bénéficie du parrainage de Darley, appellation qui couvre l’ensemble de l’immense élevage du cheik Mohammed Al Maktoum.

Comme à l’origine, la distance de la course est aujourd’hui de 3 000 mètres. Mais elle a quelque peu fluctué. Elle fut réduite à 2 800 mètres de 1889 à 1895, puis à 2 600 mètres de 1896 à 1906, avant d’être allongée à 3 400 mètres de 1907 à 1913 et rétablie à 3 000 mètres depuis 1919, soit cent ans. Du fait de la guerre, la course ne fut pas disputée en 1871, de 1914 à 1918, en 1940 et 1941, et elle fut transférée au Tremblay en 1942 et 1943 et à Longchamp en 1944 et 1945.

Comme on pourra le constater dans le classement des propriétaires au palrmès de la course, les élèves de la famille Aumont, propriétaire du haras de Victot, proche de Deauville, ont été particulièrement heureux dans le Prix Kergorlay. Les représentants de la casaque blanche à toque verte totalisent onze victoires, dont six pour Alexandre Aumont et cinq pour son fils Paul.

Jusqu’à la création en 1921 du Prix Jacques Le Marois, le Prix Kergorlay était, après le Grand Prix de Deauville, la course principale du meeting de la Côte Normande permettant aux 3ans d’affronter leurs aînés. Ainsi, jusqu’à la Première Guerre mondiale, on relève au palmarès du Prix Kergorlay les noms de plusieurs vainqueurs de grande qualité comme Vertugadin (1866), Ruy Blas (1867), Revigny (1873, Jockey Club), Nougat (1875), Castillon (1881), Mademoiselle de Senlis (1883, Diane), Le Sagittaire (1896), Fourire (1899, 1900), Saxon (1901, Jockey Club), Maximum (1902), Ex Voto (1903, Jockey Club), Turenne (1904), Génial, 1905), Maintenon (1906, Jockey Club), Punta Gorda (1907), Sauge Pourprée (1908), Sea Sick (1909, 1910, Jockey Club), La Française (1911, 1912).

Entre les deux guerres mondiales, la qualité des concurrents diminua, mais elle retrouva de l’éclat pendant et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec les succès de Vigilance (1942, Diane), Verso II (1943, Jockey Club), Marsyas (1944), Ardan (1945, 1946, Jockey Club), Souverain (1947, Grand Prix de Paris), Bey (1948, Jockey Club), Ciel Etoilé (1950), Lavarède (1951), Fast Fox (1952), Silex (1953), Elu (1954), Macip (1955), Romantisme (1957).

Depuis les années 60, les sujets classiques se sont abstenus dans le Prix Kergorlay dont le palmarès s’orne toutefois des noms de valeureux stayers tels Pardallo (1968), Miss Dan (1971), Shafaraz (1978), Top Sunrise (1989), Turgeon (1991), Sought Out (1992, la mère de North Light), Classic Cliché (1997), l’extraodinaire Persian Punch (2000), Getaway (2007), Americain (2010, futur lauréat en Australie du Melbourne Cup). A noter aussi l’exploit réalisé par le lauréat de 2005, Alcazar, âgé de 10 ans, qui de ce fait devint le doyen des gagnants de course de groupe en France.

Visiteurs

Les visiteurs étrangers sont particulièrement heureux dans cette course où ils totalisent 22 victoires (dont 12 depuis 2000) avec Ashavan (1964), Mehari (1967), Reindeer (1970), Moss Trooper (1975), Valentinian (1982), Almaarad (1987), Al Maheb (1990), Classic Cliché (1997), Arctic Owl (1998), Kayf Tara (1999), Persian Punch (2000), Darasim (2003), Gold Metallist (2004), Alcazar (2005), Schiaparelli (2009), Jukebox Jury (2011), Joshua Tree (2012), Protectionist (2014), Alex My Boy (2015), Nearly Caught (2016), Marmelo (2017 et 2019).

Doublé Prix Kergorlay-Grand Prix de Deauville

Le doublé a été souvent réalisé. A douze reprises la même année, par Bivouac (à 4 ans 1872), Castillon (à 4 ans 1881), Fourire (à 3 ans 1899), Maximum (à 3 ans 1902), Turenne (à 3 ans 1904), Maintenon (à 3 ans, 1906), Punta Gorda (à 5 ans 1907), Dark Diamond (à 3 ans 1925), Astéroïde (à 4 ans 1926), Bounteous (à 4 ans 1962), Miss Dan (à 4 ans 1971), Almaarad (à 4 ans 1987). Le Prix Kergorlay un an avant le Grand Prix à quatre reprises, par Nougat (à 3 ans 1875, à 4 ans 1876), Galette (à 3 ans 1892, à 4 ans 1893), Tullamore (à 3 ans 1919, à 4 ans 1920), Getaway (à 4 ans 2007, à 5 ans 2008). Vainqueur du Grand Prix de Deauville en 2009, Jukebox Jury remporta le Prix Kergorlay en 2011.

Doublé Prix Kergorlay-Prix du Cadran

Ce doublé est rare. Il a été réalisé sept fois la même année (4 ans) par Revigny (1873), La Française (1911), Prédicateur (1913), Marsyas (1944), Ciel Etoilé (1950), Sought Out (1992), Molesnes (1994). Et le Prix Kergorlay un an avant le Prix du Cadran cinq fois, par Sibérie (à 3 ans 1888, à 4 ans 1889), Sauge Pourprée (à 3 ans 1908, à 4 ans 1909), Astéroïde (à 4 ans 1926, à 5 ans 1927), Silex (à 3 ans 1953, à 4 ans 1954), Holdthasigreen (à 6 ans en 2018, à 7 ans en 2019). Gagnant en 2020, Call the Wind a remporté le Prix du Cadran 2018.

Florian de Kergorlay (décédé en octobre 1910)

« Un maître ès-sports » assure F. Laffon – dans son Dictionnaire-annuaire publié en 1896 –, qui ajoute « l’un des hommes les plus compétents de notre époque sur la question chevaline ». S’il ne fit jamais courir, Florian de Kergorlay fut une des personnalités les plus influentes du turf à la fin du XIXe siècle, étant « le digne successeur du baron de La Rochette, le continuateur des idées si honorables qui ont présidé à la fondation de la Société d’Encouragement. Mais à la formule classique, à la tradition, M. de Kergorlay avait su ajouter l’idée de progrès », précise le quotidien Le Jockey.

Nommé membre adjoint du comité de la Société d’Encouragement en 1878, il fut nommé membre fondateur en 1890. De 1885 à 1896, il fut aussi commissaire de la société mère du galop où il occupa le siège de « premier commissaire » pendant six ans (1890 à 1891 et de 1893 à 1896). De 1880 à 1904, il fut encore commissaire de la Société des courses de Deauville, dont il assura aussi la présidence au décès de Hocquart de Turtot, à l’automne 1884. C’est ainsi que le nom de Florian de Kergorlay a été attribué à l’une des avenues proches de l’hippodrome de Deauville.

 

Propriétaires

  • Paul Aumont (6 victoires) : Revigny (1873), Basquine (1876), Mademoiselle de Senlis (1883), Sibérie (1888), Nativa (1890), Floréal (1891).
  • Alexandre Aumont (5 victoires) : La Française (1911, 1912), Isola Bella (1924), Deiri (1931), La Souricière (1933).
  • Marcel Boussac (5 victoires) : Grillemont (1923), Marsyas (1944), Ardan (1945, 1946), Macip (1965).
  • William K. Vanderbilt (4 victoires) : Turenne (1904), Maintenon (1906), Sea Sick (1909, 1910).
  • Guy de Rothschild (4 victoires) : Ciel Etoilé (1950), Pont Levis (1956), Céladon (1963, 1965).
  • Frédéric de Lagrange (3 victoires) : La Reine Berthe (1865), Nougat (1985), Castillon (1881).
  • Henri Delamarre (3 victoires) : Vertugadin (1866), Clotho (1869), Bivouac (1872).
  • Edmond Blanc (3 victoires) : Fripon (1886), Saxon (1901), Génial (1905).
  • Edouard de Rothschild (3 victoires) : Prédicateur (1913), Innoxa (1929), Fog Horn (1932).
  • Godolphin (3 victoires) : Classic Cliché (1997), Kayf Tara (1999), Schiaparelli (2009).
     

Entraîneurs

  • Henry Jennings (9 victoires) : Ruy Blas (1867), Dutch Tar (1868), L’Aspirant (1870), Revigny (1873), Montargis (1874), Basquine (1876), Giboulée (1877), Mourle (1879), Arbitre (1880).
  • Fred Carter (4 victoires) : Mademoiselle de Senlis (1883), Sibérie (1888), Nativa (1890), Floréal (1891).
  • George Cunnington (4 victoires) : Brisolier (1887), Boissière (1893), La Française (1911, 1912).
  • Robert Denman (4 victoires) : Fourire (1899, 1900), Saxon (1901), Génial (1905).
  • William Duke (4 victoires) : Turenne (1904), Maintenon (1906), Sea Sick (1909, 1910).
  • Geoffroy Watson (4 victoires) : Ciel Etoilé (1950), Pont Levis (1956), Céladon (1963, 1965).
  • André Fabre (4 victoires) : King Luthier (1986), Top Sunrise (1989), Raintrap (1993), Getaway (2007).
  • Hughie Morrison (4 victoires) : Alcazar (2005), Nearly Caught (2016), Marmelo (2017, 2019).
  • Thomas-Richard Carter (3 victoires) : Vertugadin (1866), Clotho (1869), Bivouac (1872).
  • Tom Jennings (3 victoires) : La Reine Berthe (1865), Nougat (1985), Castillon (1881).
  • Thomas Cunnington (3 victoires) : Escogriffe (1884), Prix Fixe (1889), Riposte (1897).
  • William Webb (3 victoires) : Café Procope (1885, dead-heat), Le Sagittaire (1896), Ex Voto (1903).
  • Lucien Robert (3 victoires) : Keror (1922), Dark Diamond (1925), Fog Horn (1932).
  • Claude Halsey (3 victoires) : Deiri (1931), La Souricière (1933), Khasnadar (1937).
  • Charles Semblat (3 victoires) : Marsyas (1944), Ardan (1945, 1946).
  • Charles-William Bartholomew (3 victoires) : Bounteous (1962), Pardallo (1968), South Gale (1984).
  • John Cunnington Jr (3 victoires) : Waylay (1966), Homeric (1972), Valuta (1973).
  • Said Bin Suroor (3 victoires) : Classic Cliché (1997), Kayf Tara (1999), Schiaparelli (2009).
     

Jockeys

  • Arthur Watkins (4 victoires) : Vertugadin (1866), Ruy Blas (1867), Dutch Tar (1868), L’Aspirant (1870).
  • George Stern (4 victoires) : Saxon (1901), Génial (1905), Sauge Pourprée (1908), Grillemont (1923).
  • Jacques Doyasbère (4 victoires) : Marsyas (1944), Ardan (1945, 1946), Lavarède (1951).
  • Maurice Philipperon (4 victoires) : Waylay (1966), Homeric (1972), Valuta (1973), Tipperary Fixer (1981).
  • Cash Asmussen (4 victoires) : King Luthier (1986), Top Sunrise (1989), Turgeon (1991), Sought Out (1992).
  • Olivier Peslier (4 victoires) : Molesnes (1994), Ponte Tresa (2008), Alex My Boy (2015), Call the Wind (2020).
  • Alfred Carratt (3 victoires) : Revigny (1873), Montargis (1874), Basquine (1876).
  • William Johnstone (3 victoires) : Dark Dew (1934), Prince Achille (1925), Bey (1948).