Historique du prix Héros XII : Un must d'Auteuil

Octobre, Auteuil*

Prix Héros XII

Groupe 3, 5ans et au-dessus, Steeple-Chase, 4 500 mètres, 100 000 €

Créé en 1924

Tenant du titre : Edgeoy (h6 FRA par Saddler Maker et Ireland, par Kadalko), appartenant à Jacques Détré, François Seigneur, Edward Walsh, Olivier Rauscent & Thierry Cyprès, élevé par Thierry Cyprès et Jean-François Naudin, entraîné par François Nicolle, monté par Angelo Zuliani.

La course se déroule en 2021 pour la 77ème fois

L’édition 2020

Dimanche 7 juin 2020, Compiègne. – Lauréat du prix Héros XII (Gr3) à Auteuil en octobre, son premier succès au niveau Groupe, l’AQPS de 6 ans Edgeoy (Saddler Maker) réussit le doublé seulement huit mois plus tard en s’imposant à Compiègne ! Le pensionnaire de François Nicolle, élevé par Thierry Cyprès et le regretté Jean-François Naudin dans la Nièvre, a mené pratiquement toute la course et il a pris plusieurs longueurs dans le tournant final. Il n’a jamais été rejoint par la chasse qui s’est organisée dans son sillage à l’initiative de Srelighonn (Martaline) et Carriacou (Califet), qui se sont emparés de la deuxième et de la troisième place à huit et quatorze longueurs du lauréat. Feu Follet (Kapgarde) a constamment figuré et terminé tout près de Carriacou à la quatrième place. On notera la chute sans gravité de Crystal Beach (Network), le favori, dès le premier obstacle, devant lequel il s’est présenté avec un rideau de chevaux devant lui.

Edgeoy grimpe peu à peu les échelons au meilleur niveau du steeple en France. Deuxième du prix Georges Courtois (Gr2) l’an dernier après son premier « Héros XII », il a terminé septième du prix Troytown (Gr3) au printemps et n’était pas réapparu depuis. C’est un fils d’Ireland (Kadalko), gagnante à Auteuil et mère aussi de Porto Rico (Vidéo Rock), titulaire de sept victoire et placé de Groupe à Auteuil, ou de Vicente (Dom Alco), deux fois gagnant du Grand National écossais (Gr3).

Ireland est aussi la sœur de Lettiland (Ragmar), deuxième mère de la pouliche de 3 ans Ha La Land (Poliglote), lauréate ce même dimanche à Compiègne du Haras d’Étreham prix d’Iena (L). Après Edgeoy, Ireland a donné Giglio (Samum), racheté 20 000 € à 2 ans aux ventes d’Été Arqana, et Hopen Land (Cokoriko), aujourd’hui âgé de 3 ans et encore inédit. Giglio a couru trois fois sans encore s’imposer mais il a terminé quatrième du prix de l’Yonne pour sa seule sortie à Auteuil, en mars, sous les couleurs de Thierry Cyprès.

Historique

Le premier Prix Héros XII fut disputé à Auteuil le 1^er novembre 1924 pour commémorer le souvenir d’un sauteur exceptionnel, Héros XII, qui avait trouvé la mort sur le même hippodrome un an plus tôt, jour pour jour. Steeple-chase ouvert aux chevaux n’ayant pas gagné dans l’année, la course revint au 4 ans Merrimac ayant pour propriétaire-entraîneur Georges Cornu-Langy et pour jockey François Hervé. Ses conditions ayant été élargies, rapidement le Prix Héros XII devint une étape en vue des deux steeple-chases vedettes de l’automne, les Prix La Haye Jousselin et Montgomery. Avant la Seconde Guerre mondiale on relève à son palmarès les noms de Hydravion (1928), Jean Victor (1935), Fierabras (1937). Au milieu du XX^e siècle un premier lauréat du Grand Steeple-Chase de Paris figure à son palmarès, Pharamond III (1952). A compter des années 60, les gagnants du Grand Steeple affluent tels Hyères III (1965), Haroué (1967, 1968), Morgex (1969), Chinco (1978), Jasmin II (1982, 1983), Otage du Perche (1987), Oteuil SF (1988), Katko (1989), Ucello II (1991, 1993, 1994), The Fellow (1992), Al Capone II (1997, 1998, 1999), First Gold (2000), El Paso III (2001, 2002), Kotkijet (2003), Mid Dancer (2009, 2010), Milord Thomas (2014, 2016).

La distance du Prix Héros XII a très souvent varié de 3 500 m en 1924 à 4 400m depuis 1971.

La course n’a pas eu lieu en 1939.

(*) En 2020, le programme d’Auteuil ayant été bouleversé par l’épidémie de coronavirus, le prix Héros XII a été couru en juin à Compiègne et il a été remporté par Edgeoy, qui l'avait remporté huit mois plus tôt !

Héros XII

Ce n’est pas en tombant que Héros XII trouva la mort à Auteuil le 1^er novembre 1923. Il se brisa un membre en mettant le pied dans un trou alors qu’il était en tête avant le dernier obstacle lors du Prix du Cinquantenaire célébrant le demi-siècle d’existence de l’hippodrome. Ainsi s’acheva, avec sa soixante-quatrième course, la carrière de ce hongre bai marquée par vingt-deux victoires, vingt-trois places et maintes péripéties. Né en 1915 dans les Hautes-Pyrénées chez C. Lafforgue, Héros XII était voué à l’obstacle par son père Ex Voto et sa mère Historienne, gagnante du Prix Montgomery.

Sur le turf, il entre par la petite porte. Première victoire à 4 ans en août à Boulogne-sur-Mer où, « dérobé et ramené », il bat son unique adversaire. Mais en fin d’année, six steeples à son actif dont un à Auteuil, doublement remarqué du fait de la date inhabituelle (31 décembre), sous la monte, à 72 kilos, d’un jeune officier, Aimery Blacque-Belair, qui met en confiance ce cheval délicat en le caressant et lui parlant tout au long du parcours.

A 5 ans, après six tentatives infructueuses et un répit de cinquante jours, Héros XII reparaît à Enghien sous de nouvelles couleurs, celles d’Henri Coulon. Responsable de l’achat, l’entraîneur Roch Filippi. Il a découvert que, souffrant des dents, le cheval s’alimentait mal. Après l’avoir soigné, il met en scène un sauteur extraordinaire. Quatre sorties en juin, trois victoires et la place de deuxième du Grand Steeple entre Coq Gaulois et le crack anglais Troytown. Quatre tentatives à l’automne, autant de victoires sous 72,5, 74, 75,5 et 76 kilos. La dernière dans le Prix La Haye Jousselin, rendant vingt-six livres à Ultimatum, vieillard de 11 ans, mais lauréat du Grand Steeple en 1913.

A 6 ans, troisième du Prix Murat sous 78 kilos, Héros XII porte victorieusement le top-weight de 77 kilos dans le Prix du Président de la République. Sans surcharge, le Grand Steeple semble une formalité pour ce sauteur chevronné (favori à 8/10)... jusqu’aux cinq sixièmes du parcours. Erreur incroyable, irréparable, son jockey Parfrement engage Héros XII sur une mauvaise piste, entraînant à sa suite le reste du peloton, sauf deux trainards Roi Belge et Master Bob. Pour eux les deux premières places. La troisième seulement pour Héros XII, remis dans le droit chemin par son jockey conspué par le public et mis à pied jusqu’à la fin de l’année par les commissaires. A l’automne, trois nouvelles victoires sous 73 kilos, 76 kilos (Prix Richard Hennessy), 71,5 kilos (Prix La Haye Jousselin).

A 7 ans, victoire sous 76 kilos dans le Prix Adolphe Abeille. Alors le handicapeur a la main lourde : 79 kilos dans le Prix du Président de la République. On s’interroge : va-t-il courir ? Sportif, son entourage dit oui et Héros XII, obéissant, gagne. Enfin deux mois plus tard, il enlève le Grand Steeple qui lui était dû. A l’automne, la petite guerre avec le handicapeur se poursuit : 82,5 kilos dans le Prix Montgomery. Défi encore relevé. Mais cette fois la mesure est dépassée. Héros XII est seulement septième ; le vainqueur Odoacre ne portait que 70 kilos et le second L’Yser 75 kilos. Trois semaines plus tard, nouvelle bataille dans le Prix La Haye Jousselin. Sous 76 kilos, Héros XII n’est devancé que d’une courte tête par L’Yser qui en recevait vingt livres.

A 8 ans, second succès dans le Prix Adolphe Abeille sous 76 kilos mais pas de troisième victoire dans le Prix du Président de la République avec 82 kilos. Chute de son jockey dans le Prix Saint Sauveur suivie du combat inégal mais réglementaire alors : comme lauréat de l’épreuve l’année précédente, il doit porter douze livres de surcharge dans le Grand Steeple. Favori des parieurs (17/10), il doit se contenter de la troisième place derrière L’Yser et Master Bob. Cinq jours plus tard il bat celui-ci de quatre longueurs à poids égal dans le Prix des Drags. Après le repos estival, retour à Auteuil le 1^er novembre pour le Prix du Cinquantenaire, disputé sur une distance record, 7 200 mètres, et doté de 100 000 F au vainqueur. Avec le top-weight de 76 kilos, Héros XII est favori devant L’Yser qui ne reçoit qu’une livre. Il semble avoir course gagnée, quand il s’arrête, immobile, sur trois jambes, la tête basse. Il vient de se briser le paturon antérieur droit. Ainsi tomba au champ d’honneur ce cheval admiré des foules pour sa capacité incomparable à porter le poids.

N.B. Extraits du livre Auteuil, hier et aujourd’hui (tome 2, 1916-2003) de Guy THIBAULT (Editions du Castelet).

Prix Hérox XII-Prix La Haye Jousselin.

Quatorze chevaux ont gagné les deux courses, mais rarement la même année. Ce sont Merigo (H. XII 1943, H.J. 1942 et 1944), Haroué (H. XII 1967 et 1968, H.J. 1968), Dom Helion (1977), Jasmin II (H. XII 1982 et 1983, H.J. 1982), Otage du Perche (H. XII 1987, H.J. 1986), Oteuil SF (1988), Katko (1989), Ucello II (H. XII 1991, 1993, 1994, H.J. 1992), The Fellow (H. XII 1992, H.J. 1990), Al Capone II (H. XII 1997, 1998, 1999, H.J. 1993 à 1999), El Paso III (H. XII 2001, 2002, H.J. 2001), Golden Flight (2005), Milord Thomas (H. XII 2014, 2016, H.J. 2014, 2015, 2016), Bipolaire (H. XII 2017, H.J. 2017, 2018, 2019)

Propriétaires

• Mme de Moratalla (5 victoires) : Ucello II (1991, 1993, 1994), The Fellow (1992), First Gold (2000).
• Robert Fougedoire (5 victoires) : Al Capone II (1997, 1998, 1999), El Paso III (2001, 2002).
• Famille Wildenstein (3 victoires) : Silvery Moon (1973), Lapo d’Or (1980) pour Daniel, Kotkijet (2003) pour l’Ecurie Wildenstein.
• Jacques Détré (3 victoires) : Bipolaire (2017), Edgeoy (2019, 2020).

Entraîneurs

• Léon Gaumondy (7 victoires) : Villars (1955), Primesautière (1957), Rubis Rose (1961), Envergure (1963), Hyères III (1965), Haroué (1967, 1968).
• Bernard Sécly (6 victoires) : Katko (1989), Al Capone II (1997, 1998, 1999), El Paso III (2001, 2002).
• Georges Pelat (5 victoires) : Taïga (1946), Prince de la Tour (1956), Yoko II (1962), Silvery Moon (1973), Rusée (1975).
• François Doumen (5 victoires) : Ucello II (1991, 1993, 1994), The Fellow (1992), First Gold (2000).
• Jean-Paul Gallorini (4 victoires) : Lapo d’Or (1980), Doelan (1985), Kotkijet (2003), Kario de Sormain (2004).
• Léon Barré (3 victoires) : Hydravion (1928), Montecasino (1932, 1933).
• Charles Bariller (3 victoires) : Espalion (1930), Fandango IV (1938), Kid’s Legend (1941).
• Valère Péraldi (3 victoires) : Merigo (1943), Diablora (1958), Belle Rose (1960).
• André Adèle (3 victoires) : Morgex (1969), Parandero (1970), Le Pompier (1976).
• Emmanuel Clayeux (3 victoires) : Rhialco (2011), Net Lovely (2012), Vézelay (2015).
• François Nicolle (3 victoires) : Bipolaire (2017), Edgeoy (2019, 2020).
   

Jockeys

• Christophe Pieux (6 victoires) : Chamberko (1995), Staff (1996), El Paso III (2002), Cyrlight (2006), Mid Dancer ( 2010), Rhialco (2011).
• Jacques Ricou (4 victoires) : Or Noir de Somoza (2007), Mid Dancer (2009), Milord Thomas (2014, 2016).

N. B. Une femme a gagné la course, Nathalie Desoutter avec Kario de Sormain (2004).